Joie
Quand il chercha à l’embrasser, elle le laissa faire mollement, même quand il faufila sa langue contre la sienne et qu’elle ne sut comment répondre à ce geste. Une main lourde malmena l’un de ses seins, puis Rolf mordilla sa lèvre du bas avant de laisser sa bouche dériver dans son cou, puis sur son sein. Gisla ferma les yeux et, l’alcool aidant, elle dut constater que ce contact n’était pas désagréable… jusqu’à ce que son époux morde la pointe de son sein et que la douleur l’éjecte de sa torpeur. Choquée, elle recula d’un pas avant de le dévisager. Rolf releva un visage différent, sombre et presque bestial vers elle, avant de lui faire signe de revenir près de lui.
— Vous me faites mal ! lui confia-t-elle en espérant qu’il comprenne ses mots.
— Femme apprendre douleur.
Elle cligna des yeux, incertaine d’avoir bien entendu. Comment pouvait-elle apprendre la douleur ? Cela n’avait aucun sens ! Comme elle resta immobile, il récupéra prestement son poignet avant de la ramener contre lui. Étonnée par sa vitesse d’exécution, Gisla émit un léger cri pendant qu’il la soulevait afin de l’étendre sur le lit. Paniquée, elle tenta de se redresser, mais Rolf la plaqua contre la couche et se positionna sur elle, déterminé à la maintenir sous son joug.
— C’est donc ainsi que vous prenez les femmes ? demanda-t-elle, les yeux humides. Comme une brute ?
S’attendant à une riposte musclée, elle ferma les yeux, mais Rolf se contenta de se positionner entre ses jambes avant de plonger en elle dans un mouvement rapide. Une nouvelle douleur se fit sentir dans son ventre, et elle étouffa un cri, humiliée par ce geste. Pourquoi avait-elle tenté de parler avec ce monstre ? Les Vikings prenaient ce qu’ils voulaient, c’était bien connu ! Ravalant un sanglot, elle serra les poings et espéra qu’il ne serait pas trop long.
Au lieu se mouvoir en elle, comme il l’avait fait plus tôt, Rolf reste immobile, puis il guida l’une des mains de Gisla sur son épaule.
— Regarder, ordonna-t-il encore.
Malgré les larmes qui lui brouillaient la vue, elle se décida à tourner la tête dans sa direction et tomba dans les yeux clairs de son époux pendant qu’il se retirait de son corps avant de revenir en elle. Parce qu’elle devait assister à ce spectacle, en plus ? Alors qu’elle cherchait à reprendre sa main, il la gronda du regard et retint ses doigts sur son épaule.
— Toi un. Moi un. Maintenant… deux… être un.
Il lui montra deux doigts, puis un seul, et elle le scruta, confuse de ne rien comprendre à ces explications, surtout lorsqu’il se cogna de nouveau en elle, si fort qu’elle grimaça. Elle pria pour que cette étape soit rapide et qu’il la laisse enfin en paix, mais il retourna poser sa bouche sur son sein. Avant que la morsure ne lui brûle la chair, elle étouffa un cri.
— Ne pas combattre, dit-il. Douleur être bon.
Un sanglot s’échappa de ses lèvres et elle crut défaillir lorsqu’il retourna la mordre, plus fort encore. Sans réfléchir, elle serra l’épaule de son époux pendant qu’il revenait en elle dans un grognement, puis elle voulut relâcher la pression lorsqu’il écrasa ses doigts sur sa peau.
— Já, souffla-t-il.
Elle hésita, incertaine de bien interpréter ses dires, avant d’appuyer plus fort sur sa chair, mais dès qu’une nouvelle brûlure la secoua, ses ongles s’enfoncèrent dans l’épaule de Rolf et un cri s’échappa de ses lèvres.
— Pitié ! Dépêchez-vous ! le supplia-t-elle.
Il releva la tête, puis se redressa d’un trait avant de se retirer d’entre ses cuisses, si vivement qu’elle crut que tout était terminé. Ses mots l’avaient-ils atteint ? Alors pourquoi restait-il là ? Et pourquoi posait-il sa main là où il venait de prendre possession de son corps ? Elle tressaillit lorsqu’il enfonça ses doigts en elle, puis sursauta lorsqu’il se mit à la caresser dans de petites secousses qui lui rappelèrent le feu qu’il avait généré en elle, plus tôt en soirée.
— Que faites-vous ? demanda-t-elle, anxieuse devant les propres fluctuations de sa respiration.
— Joie. Douleur. Femme apprendre.
Elle ferma les yeux et relâcha un souffle rauque. Elle ne voulait pas apprendre. Elle voulait seulement qu’il cesse de la torturer de la sorte. Pourquoi ne faisait-il pas… ce qu’il devait faire avant de la laisser tranquille ? C’était pourtant ce que les hommes faisaient, non ?
Dès qu’il se pencha sur elle, le corps de Gisla se tendit bien avant que la douleur ne se fasse sentir. Incapable de retenir son geste, elle tenta de le repousser, mais le corps de son époux lui parut rigide comme la pierre, et il riposta par une nouvelle morsure. Elle renifla avant de se laisser retomber sur cette couche, prise de petits soubresauts, puis abandonna la lutte. Edda lui avait dit que ce serait désagréable. D’autres lui avaient répété que ce serait rapide. Elle devait attendre. Mais cela lui semblait interminable !
Dès que Gisla cessa de résister, elle eut la sensation que les morsures n’étaient plus aussi vives qu’au départ. Était-ce parce que son époux y allait plus délicatement ? Ou parce que Rolf ne les faisait plus uniquement sur son sein ? Il lécha près de son ventre, mordilla sa chair tremblante, puis elle eut l’impression qu’il la griffait à l’intérieur de sa cuisse. Quand elle hoqueta, elle comprit que ce n’était pas la douleur qui tendait son corps, mais plutôt ces secousses qui, sans jamais changer de rythme, accaparaient néanmoins de plus en plus son attention.
Quand un râle lui échappa, Gisla posa rapidement une main sur sa bouche pour tenter de le contenir. Elle ne voulait pas lui donner la moindre satisfaction, que ce soit par la souffrance qu’il lui imposait, ou plutôt, et c’était ce qu’elle pressentait, par ce feu agréable qu’il cherchait à provoquer dans son ventre. Mais même en serrant les lèvres pour retenir ses réactions, elle se tendit sur la couche, tantôt à cause d’une morsure, tantôt à cause de cette ivresse qu’il provoquait dans son corps.
— Seigneur… arrêtez, souffla-t-elle.
Quand les secousses prirent fin, Gisla ouvrit les yeux, confuse de la façon dont son ventre se contractait alors que son époux ne la touchait plus du tout. Pourquoi était-elle déçue qu’il l’ait écoutée ? Alors qu’elle le cherchait du regard, il remonta sur elle et la pénétra de nouveau, bien plus doucement que la première fois.
— Un, maintenant, répéta-t-il.
Il riva son regard dans le sien et se cogna en elle, lentement d’abord, puis de plus en plus fort, dans des râles qui ne masquaient en rien le plaisir qu’il prenait. Gisla l’observa, incapable de dire si cela lui était désagréable. Ce n’était plus de la douleur, certes, et même si elle ne bougeait pas, son corps réagissait au passage de Rolf en se tendant autour du sien. Même son souffle trahissait l’émoi qui la tenait pendant qu’il plongeait de plus en plus fermement entre ses cuisses.
Quand sa respiration se fit plus bruyante et que ses yeux se fermèrent, elle sursauta et chercha le regard de son époux qui parut heureux de sa réaction.
— Accepter joie, dit-il simplement.
Elle eut envie de secouer la tête, de refuser ce qui se passait dans son propre corps, mais chaque fois que Rolf revenait en elle, elle avait de plus en plus de mal à garder les yeux ouverts. Dans un coup plus brusque que tous les autres, elle hoqueta avant de se tendre contre lui.
— Jà, répéta-t-il.
Cette fois, elle comprit le sens de ce mot : « oui ». Elle le savait, car c’était le mot qui résonnait dans son esprit et qu’elle refusait de chuchoter. Oui, elle voulait que ce feu continue. La consume, même ! Quand Rolf chercha à revenir mordre son sein, elle l’observa sans réagir. Ce fut à peine si elle ressentit la douleur tellement son attention était rivée sur ce qui se passait plus bas dans son corps. Dans cette friction répétée qui lui donnait envie de gémir et de soulever son bassin pour mieux la ressentir. Mais elle refusait d’y céder.
— Seigneur, murmura-t-elle.
Sous ses doigts, la chair humide de Rolf glissait, et elle s’y accrocha de toute ses forces dès qu’il accéléra ses passages. Cela n’en finirait-il donc jamais ? Elle détourna la tête, mais son corps, lui, se releva pour accepter l’intrusion répétée de son époux. Aussitôt, il remonta l’une de ses jambes près de son flanc avant de replonger rudement en elle. Gisla se cambra et une plainte lui échappa. Dans cette position, les coups de Rolf semblaient résonner partout en elle, et même si elle ravalait ses gémissements, son souffle se faisait de plus en plus bruyant.
Près de son oreille, le grognement de son époux se fit entendre et il s’accrocha à elle avec force. Coincée sous ce corps massif, Gisla laissa ses cuisses s’ouvrir à cet assaut et des petits cris se mirent à lui échapper. Quand sa vue se brouilla, ce ne fut pas à cause des larmes, mais du plaisir, et elle griffa le corps de Rolf contre elle lorsqu’un cri s’éleva de ses lèvres. Fort. Et assez long pour en perdre le souffle. Pour ressentir la soif aussi. Et surtout : pour être elle-même surprise de ce qu’elle venait de vivre. Elle fixa le plafond pendant que les secousses se poursuivirent, puis le cri de Rolf lui fit plisser les yeux tellement il était assourdissant contre sa tête. Là, enfin, tout se calma dans la pièce, sauf le bruit de leurs respirations respectives qui résonnaient en écho.
Ce fut long, et elle eut du mal à respirer sous le poids de Rolf, puis il roula à ses côtés, sur la couche, visiblement épuisé. Elle avala sa salive avec difficulté et se refusa à regarder de son côté, incapable de comprendre ce qu’il venait de lui faire vivre. De la douleur, certes, mais tellement plus encore ! Et contrairement à la première fois, cela lui avait paru plus vif, plus… concret. Elle avait senti cette vague, ce souffle, cette chaleur…
Pour contenir les émotions qui l’assaillaient de toutes parts, Gisla ferma les yeux. Elle avait la sensation d’être faible. Elle détestait que cet homme ait autant de pouvoir sur elle, et plus encore sur le seul aspect qu’elle croyait pouvoir contrôler : son corps. Elle s’attendait à ce qu’il la fasse souffrir, mais pas qu’il lui offre autant de plaisir.
Au bout de longues minutes durant lesquelles le silence s’étira, elle se risqua à vérifier du côté de son époux dont la respiration s’était calmée. Loin de dormir, il fixait le plafond sans bouger.
— Est-ce que… vous avez fini ? daigna-t-elle lui demander.
Lorsqu’il lui accorda un regard, elle précisa :
— Je peux dormir, maintenant ?
— Jà.
Extrait de Le viking et la princesse
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