Je reviens chez nous
De retour à Saint-Gravel après plusieurs années d’absence, Thomas retrouve le village où il a grandi en centre jeunesse. Accueilli par Hugo, son meilleur ami d’enfance et désormais propriétaire de la ferme de son défunt père, il accepte de séjourner chez lui, le temps de se trouver un logis…
Soulagé qu’après toutes ces années, sa complicité avec Hugo soit intacte, Thomas n’en est pas moins sous le choc lorsqu’il apprend l’homosexualité de son ami. Cela risque-t-il de transformer leur relation ? Non ! Après tout, il n’a jamais eu de désir de cet ordre, avant.
Mais ça, c’était avant…
Version papier: france | canada
— Bien sûr que je suis hétéro, repris-je, comme si je n’avais pas été suffisamment convaincant la première fois. C’est juste que… c’est la première fois que je rencontre un gay. Enfin, non, mais… je veux dire… quelqu’un que je connais, quoi.Un silence passe, puis sa voix résonne :
— OK. Et alors ?
— Alors rien. Enfin… peut-être que ça m’a fait réfléchir, jeté-je rapidement. Tu sais, j’ai toujours pensé que les choses étaient comme ceci, comme cela… on fait des études, on s’installe, on se marie, on fait des gamins, et puis…Ayant laissé mes yeux dérivés un peu partout, je les relève enfin vers lui.
— Voilà que toi, t’as choisi une autre vie.
— Pas la plus facile, tu peux me croire, dit-il avec une moue pincée.— Pas la plus facile, peut-être, mais au moins c’est la tienne. Et tu sais ce que tu veux.
— Et pas toi ?Un peu troublé par sa question, je hausse les épaules, puis je m’explique :
— Tu sais, moi, j’ai toujours passé ma vie à me demander qui j’étais. Mon identité s’est longtemps résumée à mon nom et à la couleur de ma peau. Pour le reste, j’ai juste fait comme les autres. J’ai bu, j’ai étudié, je me suis bagarré… et je suis sorti avec des filles. Parce que c’est comme ça qu’il fallait faire…Si j’espère que mes propos soient flous, je reste néanmoins surpris par la chaise d’Hugo qui craque lorsqu’il se dresse. Tous mes muscles se raidissent dans la crainte de son approche, mais il reste debout, sans bouger.— Es-tu en train de me dire… que tu n’es pas certain d’être hétéro ?— Quoi ? Non ! me défendis-je.Conscient que je lui mens effrontément, je poursuis, sur une voix moins rude :
— Enfin… peut-être que… j’ai eu certains doutes.
Je comprends qu’Hugo a repris sa bouteille de bière lorsque celle-ci tombe bruyamment sur le sol, mais il fait mine de ne pas le remarquer.
— Quels genres de doutes ?
Ma nervosité augmente en flèche devant sa question. Que voulait-il savoir, exactement ? Que j’étais attiré par lui ? Mes pieds reculent maladroitement sur le sol et je bredouille :
— Je crois que… qu’on ne devrait pas parler de ça. Il vaudrait mieux… que j’aille dormir.
— Tom ! Tu sais bien que tu peux tout me dire !
Anxieux devant sa requête, je m’emporte :
— Te dire quoi ? Que je me suis imaginé ce que ça ferait de t’embrasser ? Eh bien oui ! Voilà, je l’ai dit. T’es content ? Mais ça ne veut rien dire ! Absolument rien !
Pour lire cette histoire…
Terminé en août 2014, ce roman est désormais disponible en autoédition sur immatériel, amazon, kobo et atramenta…
Disponible également au format papier à 9,90 chez Atramenta.